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Un pavillon en pleine verdure

Les parois intérieures incurvées de cette habitation en béton attirent le regard

Jeu de verre et de béton. Voilà une jolie synthèse pour décrire ce pavillon qui s’ouvre sur le paysage ondoyant de la Hesbaye par ses façades extérieures en verre. Un choix logique parfaitement contrebalancé, sur le plan esthétique et constructif, par le béton.

L’architecte Jan Vanweert (Dhoore & Vanweert architecten) a conçu l’habitation pour son cousin. « Il voulait un pavillon pour profiter des magnifiques vues panoramiques du paysage. Par beau temps, il peut même voir l’horizon urbain de Maastricht. » Le cousin-architecte a pris cette demande à la lettre et, avec son équipe, il a imaginé une habitation dont l’étage supérieur est entièrement entouré de parois de verre. Ces façades en verre sont en quelque sorte insérées entre deux plateaux en béton : une dalle de sol flottante et une toiture en porte-à-faux. « En fait, l’habitation se compose de deux couches de construction », dit Jan Vanweert. « Pour profiter de la situation au bord de ce qui reste d’un chemin creux avec un talus assez haut, nous avons intégré le rez-de-chaussée dans la butte. Cela comporte deux avantages : nous gardons la notion de chemin creux, tout en soulignant le concept de pavillon. L’étage inférieur supporte le pavillon, mais cela ne se voit pas dans l’architecture, parce que les deux étages sont indépendants l’un de l’autre. »

Murs intérieurs arrondis

Du sol à la toiture, l’habitation est entièrement construite en béton. « Un choix logique pour un tel projet », explique Jan Vanweert. « Le béton se prête idéalement à la construction d’une structure ouverte. Nous aurions pu décider de faire la finition avec un autre matériau, mais cela ne cadrait pas avec notre philosophie de conception ‘What you see is what you get’, qui est la caractéristique de notre travail. » Le niveau inférieur – disons celui des caves – est sous terre. Il abrite une salle de bains, un garage, un local technique et trois chambres à coucher. Autant de patios laissent entrer la lumière du jour dans les trois chambres à coucher et offrent en même temps un espace extérieur tout à fait intime. L’étage supérieur se compose d’un seul espace ouvert, divisé en quatre zones de vie à l’aide d’une croix en béton plutôt singulière. « On peut qualifier les murs intérieurs de semi-ovales. En fait, ils résultent de l’exercice de conception. La toiture repose uniquement sur quatre colonnes situées à l’extérieur de l’enveloppe de construction et sur deux murs intérieurs en forme de croix. D’un point de vue constructif, il n’était pas indispensable de fermer ces murs entièrement. Nous avons donc enlevé la masse superflue d’une manière ludique et en sommes arrivés ainsi aux formes doucement arrondies », dit Jan Vanweert.

Joints impeccables

Hormis quelques murs en maçonnerie à l’étage inférieur, toute la structure a été coulée en place. « La qualité et l’esthétique du béton apparent étaient essentielles. À cet effet, l’entrepreneur et le fournisseur de béton ont d’abord réalisé des échantillons Ensuite, nous avons soigneusement prévu (sur plan) les joints entre les panneaux de coffrage, pour qu’ils s’étendent joliment jusqu’aux parois et la toiture, mais également entre les parois et le porte-à-faux. Ils sont même alignés sur les joints entre les vitrages. La position des entretoises a été elle aussi déterminée à l’avance pour garder une maîtrise totale du résultat final », explique Jan Vanweert.

Équilibre

L’architecture du pavillon est sobre, mais tout sauf simple sur le plan constructif. « Les deux étages sont totalement indépendants l’un de l’autre. Les quatre colonnes – au centre de chaque façade – et le mur intérieur en forme de croix portent la toiture. À leur tour, ils reposent sur la dalle de sol, qui ne transmet pas ses charges à la construction inférieure. En outre, la dalle de sol se trouve 15 cm au-dessus des patios, ce qui explique son épaisseur étonnante.  C’est aussi un choix esthétique pour contrebalancer la toiture créer la continuité entre les sols intérieur et extérieur », dit Jan Vanweert.

Confort du climat

Le verre est synonyme de risque de surchauffe. Qu’en est-il pour un étage entièrement en verre ? « Le concept protège entièrement l’habitation de la surchauffe. Même lors d’une canicule, la température intérieure de l’habitation n’atteint pas de pics élevés. Il y a deux explications à cela : d’abord, tout le périmètre de l’étage supérieur est surmonté d’un encorbellement d’un mètre de largeur. Il est équipé de rails dans lesquels il est possible d’insérer un écran pare-soleil en acier. Par ailleurs, les fenêtres sont équipées d’un triple vitrage avec traitement légèrement anti-solaire. L’étage inférieur est entièrement sous terre et isolé à l’aide de 15 cm de PUR. De ce fait, la température y est de 19° C en permanence, sans chauffage ni refroidissement. La masse de béton offre suffisamment d’inertie pour garder cette température constante pendant très longtemps. Si la température de l’étage supérieur augmentait malgré tout, la ventilation mécanique permet d’abaisser la température la nuit grâce au refroidissement nocturne », dit Jan Vanweert.